Dépêchée au Gabon à l’occasion du premier tour de l'élection présidentielle, la Mission électorale de la Francophonie a publié, le 14 avril 2025, à Libreville, un premier bilan de ses observations et analyses. A retrouver dans la déclaration ci-dessous.
Déclaration préliminaire de la Mission électorale de la Francophonie à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle au Gabon, le 12 avril 2025
A l’invitation du gouvernement de la République gabonaise, la Secrétaire générale de la Francophonie a déployé une Mission électorale de la Francophonie (MEF), à l’occasion de l’élection présidentielle du 12 avril 2025 au Gabon.
Conduite par l’Ambassadeur Désiré Nyaruhirira, Conseiller spécial, politique et diplomatique de la Secrétaire générale, cette mission est composée d’une représentante de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, du Représentant de l’OIF pour l’Afrique centrale, d’experts provenant de divers pays francophones et d’agents du Secrétariat de l’OIF.
Présente à Libreville depuis le 7 avril 2025, la Mission électorale de la Francophonie s’est entretenue avec les représentants des parties prenantes au processus électoral, notamment les candidats, le ministère de l’Intérieur, la Cour constitutionnelle, l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER), la Haute Autorité de la communication (HAC), et la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH).
La mission s’est également entretenue avec les délégations des missions électorales de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), du Commonwealth ainsi qu’avec le Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) accrédités au Gabon, la Délégation de l’Union européenne, et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
La Mission a également rencontré le Réseau des observateurs citoyens, soutenu par l’OIF.
En suivi de l'accompagnement technique de l’OIF, déployé à la demande du gouvernement gabonais au bénéfice de la Cour constitutionnelle, de la HAC et de la CNDH, la Mission électorale de la Francophonie s’est attachée à évaluer, en application de son mandat et des dispositions de la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000, les conditions de préparation et de tenue de l’élection présidentielle.
Le jour du scrutin, les membres de la MEF ont suivi le déroulement du vote dans une centaine de bureaux de vote, dans les provinces de l’Estuaire (Grand Libreville et Kango) et du Moyen Ogooué (Lambaréné Bifoun).
Ainsi, sur la base des constats, analyses et entretiens avec les organes et acteurs du processus électoral, y compris la société civile, la MEF établit les constats préliminaires suivants :
➢ Huit (8) candidats, dont une femme, ont pu se présenter à l’élection présidentielle ;
➢ Le Ministère de l’Intérieur et les différentes institutions impliquées dans l’organisation, la supervision et le contrôle des élections (Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum -CNOCER-, ACER, HAC) ont su relever le défi de l’organisation de l’élection présidentielle dans des délais contraints ;
➢Les organisations de la société civile ont fait preuve d’engagement, de professionnalisme et d’efficacité ;
➢ La campagne électorale s’est globalement bien déroulée avec un respect de l’égalité d’accès des candidats aux médias publics, en dépit de quelques disparités dans le traitement réservé aux candidats lors des débats. S’agissant des affiches, la MEF a noté une prééminence d’un candidat ;
➢ Les bureaux de vote ont globalement ouvert à l’heure, à l’exception de quelques-uns dont les retards assez légers étaient souvent liés aux procédures d’authentification des bulletins de vote par les membres de bureaux de vote et d’utilisation des enveloppes devant contenir le choix de l’électeur et les bulletins non utilisés ;
➢ Les matériels et documents électoraux étaient disponibles, en quantité suffisante, dans tous les bureaux de vote visités. Les isoloirs assuraient le secret du vote et les urnes étaient scellées et transparentes ;
➢Les observateurs internationaux comme nationaux étaient globalement bien accueillis, bien traités et avaient librement accès aux bureaux de vote et aux informations demandées ;
➢ Les membres des bureaux de vote ont fait preuve d’un professionnalisme avéré, de l’ouverture des bureaux de vote au dépouillement et ont entretenu des relations cordiales entre eux et avec les représentants de l’ACER, les observateurs nationaux et internationaux et les représentants de candidats ;
➢ Les candidats étaient peu représentés dans les bureaux de vote visités par la MEF ;
➢ Les forces de défense et de sécurité, présentes de manière visible ont généralement fait preuve de professionnalisme et de courtoisie ;
➢ Les femmes et les jeunes étaient fortement mobilisés comme électeurs et membres de bureaux de vote ;
➢Les délais d’attente des électeurs étaient parfois longs, ce qui ralentissait les opérations de vote alors que la mobilisation des électeurs était importante ;
➢ Les personnes handicapées ont souvent bénéficié de l’assistance nécessaire pour accomplir leur devoir civique, ce qui a permis d’atténuer les difficultés liées à l’accès à certains bureaux ou lieux de vote ;
➢ Globalement, les bureaux de vote ont fermé à l’heure légale.
La Mission électorale de la Francophonie a noté des difficultés d’utilisation des enveloppes accolées avec obligation pour l’électeur, sous sanction d’annulation de son suffrage, de mettre un bulletin dans une partie de l’enveloppe et ceux non utilisés dans une autre partie de la même enveloppe. Cette difficulté a alourdi les procédures de vote et de dépouillement.
La Mission salue la rapidité de la centralisation et de la proclamation, par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, des résultats électoraux provisoires. Elle appelle les candidats à recourir aux voies légales en cas de contestation desdits résultats.
La mission, se fondant sur les éléments susmentionnés, formule les recommandations préliminaires ci-après :
- Encourager les parties prenantes à examiner la possibilité de recourir aux bulletins uniques pour réduire les délais de vote et de dépouillement ;
- Renforcer la formation des agents de bureaux de vote et des forces de défense et de sécurité quant aux rôles de chacun et à la meilleure manière de les exercer ;
- Capitaliser l’expérience des membres des différents organes de gestion et de contrôle des élections et renforcer leurs compétences pour les prochaines élections ;
- Renforcer l’éducation et la sensibilisation électorales, notamment à l’approche des élections et pendant la campagne (par les simulations de vote) afin de faciliter les procédures de vote ;
- Renforcer la formation des journalistes quant au traitement équitable des différents candidats en période électorale et veiller au respect des obligations professionnelles ;
- Réfléchir à l’instauration d’un mécanisme de financement des candidats.
La Mission électorale de la Francophonie réitère la disponibilité de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à poursuivre son accompagnement au processus de sortie de Transition en cours au Gabon et salue les efforts déployés par les autorités de transition en vue du renforcement de la paix et d’un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique.
A cet égard, elle encourage les parties prenantes gabonaises, à mettre en œuvre, avec le soutien de la Francophonie et des autres partenaires, les recommandations des missions électorales, destinées à améliorer le système électoral gabonais dans la perspective des prochaines échéances électorales.
La Mission félicite les autorités de transition d’avoir respecté leur engagement de tenir l’élection présidentielle de fin de transition dans des délais raisonnables. Elle adresse également ses félicitations à l’Autorité de contrôle des élections et du référendum pour son professionnalisme et à la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum pour la bonne organisation du scrutin.
La Mission remercie les autorités et toutes les populations gabonaises pour l’accueil et l’hospitalité réservés aux membres de sa délégation.