Communiqué de la Mission d’information et de contacts de la Francophonie à l’occasion des élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020 au Niger.
« La Mission d’Information et de Contacts dépêchée par la Secrétaire générale de la Francophonie à l’occasion des élections présidentielle et législatives au Niger constate que l’organisation des élections et la campagne électorale s’est déroulée de manière paisible dans le respect des dispositions légales. Le double scrutin a permis à une majorité des électeurs nigériens de participer au vote, avec une participation notable des femmes et des jeunes. La Mission de la Francophonie exhorte toutes les parties prenantes à poursuivre le processus dans la transparence et à formuler d’éventuels recours conformément aux voies légales pertinentes.»
Dans le cadre de l’accompagnement par l’OIF des processus électoraux dans l’espace francophone et à l’invitation des autorités nigériennes, Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire générale de la Francophonie, a dépêché une mission d’information et de contacts (MIC) à l’occasion des élections présidentielle et législatives au Niger. Conduite par la Présidente de l’Assemblée nationale du Togo, Madame Yawa TSÉGAN, la Mission est composée d’une représentante de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et d’experts de haut niveau venant notamment du Bénin et du Cameroun.
Présente à Niamey du 21 au 30 décembre 2020, la mission s’est entretenue avec toutes les parties prenantes du processus électoral notamment les autorités politiques, administratives et judiciaires du pays, les institutions en charge des élections, les acteurs politiques notamment les candidats à l’élection présidentielle, les organisations de la société civile. Elle a également travaillé en étroite collaboration avec les autres missions d’observation électorale nationales et internationales accréditées par les autorités compétentes ainsi qu’avec les partenaires internationaux présents dans le pays.
La mission s’est attachée, conformément à son mandat, à recueillir des informations sur les conditions de préparation et de tenue des élections et à veiller au renforcement de la confiance entre les parties prenantes.
En amont du scrutin, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a appuyé les institutions et organisations du pays impliquées dans le processus électoral. Elle a notamment participé, en lien avec la CEDEAO, à l’audit du fichier électoral. Elle a également apporté un soutien technique et financier à la Cour constitutionnelle, à la Commission électorale nationale indépendante, au Conseil supérieur de la communication, à la Commission nationale des droits de l’Homme, au renforcement des capacités des candidates aux législatives et celles de l’Association nigérienne de défense des droits de l’Homme. Ces actions s’inscrivent dans la mise en œuvre des dispositions pertinentes du Chapitre 4 de la Déclaration de Bamako, dédié à la tenue d’élections libres, fiables et transparentes dans l’espace francophone.
Il ressort des entretiens que la mission a eus avant le scrutin que :
- Plusieurs partis de l’opposition ont exprimé des réserves sur les organes en charge de l’organisation des élections ; sur le fichier électoral dont la fiabilité avait été confirmée par l’audit conduit par l’OIF et la CEDEAO ; sur la réalité du consensus politique ;
- La campagne électorale s’est déroulée de manière paisible et dans le respect des règles. Les candidats et leurs partisans ont pu mener campagne sur l’ensemble du territoire national ;
- Les candidats ont eu un égal accès aux médias publics et les temps d’antenne ont été contrôlés pour permettre une équité des temps de parole ;
- Un très grand nombre de partis a pu présenter des candidats et le vote a pu se tenir sur l’ensemble du territoire national ;
Le jour du scrutin, les membres de la MIC ont visité plusieurs bureaux de vote à Niamey et reçu les observations des organisations nationales soutenues par l’OIF qui avaient déployé 700 observateurs sur l’ensemble du territoire. La MIC et ses partenaires ont fait les constats suivants :
- Conformément aux horaires règlementaires, l’ouverture et la clôture des bureaux s’est généralement déroulée de 8h à 19h GMT dans une atmosphère sereine et pacifique ;
- Relativement à l’accessibilité des bureaux de vote, les lieux et bureaux de vote visités étaient facilement accessibles aux votants y compris aux femmes enceintes ou allaitantes ainsi qu’aux personnes âgées ;
- Les cartes d’électeur non distribuées étaient mises à la disposition des électeurs dans plusieurs des bureaux de vote observés ;
- Les listes d’électeurs n’étaient pas affichées devant les bureaux de vote ;
- Les matériels et documents électoraux étaient disponibles dans tous les bureaux de vote ;
- Le personnel électoral identifiable par des chasubles était présent dans la plupart des bureaux couverts et a fait montre dans l’ensemble d’une bonne maitrise des procédures ;
- Le vote s’est déroulé dans le calme et dans l’ordre avec une présence visible mais professionnelle des force de sécurité ainsi qu’une forte représentation des candidats et partis politiques en lice dans chaque bureau de vote.
- La participation des jeunes et des femmes était notable, tant parmi les électeurs que parmi les agents électoraux ;
- Quelques incidents mineurs sont cependant à déplorer dans les villes de Zinder, Maradi ou Niamey ;
- Des lenteurs ont pu être notées dans les opérations de vote, consécutives à la multiplicité des candidats et à l’utilisation du bulletin de vote unique et l’utilisation d’un seul isoloir pour un double scrutin ;
- Les mesures de distanciation physique dans le contexte de la pandémie de COVID19 étaient peu respectées par les électeurs, mais plusieurs agents électoraux portaient des masques ;
- La clôture du scrutin et le déroulement des opérations de dépouillement ont été satisfaisants dans la plupart des bureaux couverts.
Au regard des observations préliminaires précédentes, la MIC relève que le premier tour de l’élection présidentielle et législative du 27 décembre en République du Niger s’est déroulé de manière globalement satisfaisante. Elle relève le caractère historique de cette élection qui conduira à la première alternance démocratique au Niger et exhorte l’ensemble des partis politiques et de la société civile, ainsi que les institutions concernées, à :
- maintenir l’inclusivité et la transparence ayant caractérisé le scrutin du 27 décembre jusqu’au terme du processus, particulièrement dans la phase de centralisation, de transmission et de publication des résultats électoraux ;
- formuler d’éventuels recours conformément aux voies légales pertinentes,
- renouer la concertation entre les acteurs politiques et autres parties prenantes afin de créer et d’affermir un climat de confiance.
La Mission d’information et de contacts rappelle la disponibilité de l’Organisation internationale de la Francophonie à accompagner et soutenir le pays dans ce processus de consolidation de la démocratie, avec tous les acteurs concernés.
Un rapport final sera élaboré à l’issue du processus électoral qui formulera des recommandations mettant en exergue les bonnes pratiques et visant à consolider le dispositif juridique et organisationnel des élections.
La délégation de la Mission d’information et de contacts tient à remercier la population nigérienne pour l’excellent accueil qui lui a été réservé, ainsi que les autorités nationales qui ont facilité son déploiement et son travail sur le terrain en cette année de cinquantenaire de la fondation de la Francophonie à Niamey.